Sunday, February 04, 2007

Recherche homme parfait.

Je suis allée voir ce film avant-hier.

J'étais loin de me douter que j'allai avoir un aperçu de ce que ça fait, être une héroïne de film d'amour bourré de clichés !

Vous savez, j'ai toujours cru que l'amour ne venait pas d'elle même, qu'il fallait chercher sans relâche pour la trouver. Par moment, je me mettais dans la tête de dénicher un homme parfait. Alors je dépouillais les bars, les clubs, les sites internet, les connaissances de mes connaissances qui connaissaient quelqu'un...

Ect ! Ect ! Ect !

Quelle fille souhaiterait passer le restant de ces jours seule, je vous le demande !

Mais la majorité du temps, ce n'était pas ça. J'aurai voulu tellement plus qu'une soirée, qu'une nuit, qu'une semaine de bonheur provisoire. J'aurai voulu qu'ils me prennent dans leur bras, qu'ils me prêtent leur veston si j'ai froid,qu'ils m'envoient des mots doux sur mon cellulaire, qu'ils apprécient ma compagnie et surtout, qu'ils me le disent.

Ma relation avec M'sieur B. s'enlisait de plus en plus, je glissai dans un bourbier immense. Il était temps que je m'en sorte, avant de toucher encore plus le fond que je le touchais déjà. Mais je ne savais pas comment faire, je ne savais pas si j'en serai capable, puisque j'avais essayé si souvent auparavant et que j'en étais toujours réduite à me lamenter sur notre sort.

Puis je suis allée au Costa Rica. Et j'en suis revenue transformée.

Parfois, il faut lâcher prise. Parfois, il faut cesser de pleurer sur les bonheurs perdus, il faut ouvrir les yeux sur ceux qui passent sans que nous ne puissions les attraper.Vous vivrez deux semaines avec des gens qui, pour nous, peuple occidental, sont dans la pauvreté extrème. Vous vivrez avec eux, et vous verrez que chaque jour, ils remercient le ciel d'être en vie, ils le remercient de leur avoir offert ce luxe d'un toit, ce luxe malgré les apparences, malgré les bestioles et l'eau froide dans la douche le matin.

Vous les regarderez remercier Dieu d'être en vie, malgré tout. D'être en vie, d'avoir des enfants, des enfants bien en santé. Et vous les regarderez pardonner à Dieu de leur en avoir arracher un si tôt, vous les regarderez prier quand même et continuer à croire en lui.

Vous vivrez avec eux, vous adopterez leur rythme de vie, leur croyance, leur habitude. Vous les aimerez comme s'ils étaient votre propre famille, alors que vous croyiez au départ que vous n'auriez qu'une seule idée dans la tête, celle de retourner au Québec le plus vite possible.

Et quand vous repartirez vraiment, vous en reviendrez changer.

Ce n'est pas possible d'en faire autrement, croyez-moi.

Donc, après cette petite parenthèse costaricaine, je suis revenue chez moi l'âme en paix avec le reste. Mes problèmes sentimentaux avec M'sieur B ? Attendez, j'ai dis problème ? Quels problèmes ? Le monde est si vaste de problèmes, les miens ne sont qu'une goutte d'eau dans le bassin de la misère humaine, si je peux me permettre de m'inclure dans cette misère.

M'sieur B ? M'sieur B qui ?

Je suis revenue avec du soleil dans les yeux au lieu des orages qui s'y déroulaient habituellement. Je ne sais pas, parmi tous les souvenirs que je conserve jalousement dans mon esprit, quel moment m'a vraiment libéré de lui. Mais je vous dirai que marcher dans l'Océan Pacifique un soir où la lune et les étoiles vous envoient des dizaines de miliers de clins d'oeil scintillants par minute vous réconcilie avec votre âme, je peux vous le jurer...

La St-Valentin approchait à grands pas, j'étais déjà lassées des tentatives infructueuses de mon entourage pour ne pas célébrer la fête des amoureux en solo. C'était décidé, je ne me fendrai plus en quatre pour un garçon. J'avais eu trop mal, ils allaient venir à moi. Je démissionnai. Je ne pensais plus à M'sieur B., il instaurait parfois en moi un sentiment de rage, mais plutôt une rage contre moi-même. Une rage d'avoir passée tant de temps à l'aimer en vain, tant de temps que j'aurai pu concentré ailleurs.

Et puis c'est arrivé, comme une douce brise qui a soufflé sur mon visage. C'est arrivé sans que je ne sache comment, c'est arrivé si vite que je n'ai pas eu encore le temps de respirer un grand coup sans me sentir trembler de tous mes membres.

Je suis allée voir le film dont mon texte tire son nom, sans savoir à quoi m'attendre. Sauf que Mandy Moore est l'Actrice des meilleurs comédies romantiques que la Terre ait porté. Ça ne pouvait fondamentalement pas être mauvais, puisqu'elle y tenait le rôle principal.

C'était cent fois mieux que ce à quoi je m'attendais ! C'était joli, c'était bien pensé, un bel humour bien dosé, Mandy Moore était géniale, et les garçons romantiques à point. Un film conçu pour les filles désabusées dans mon genre, pour les rallier à la cause de l'amour.

Milly, le personnage incarnée par, vous l'aurez compris, Mandy Moore, est terriblement maladroite avec les hommes. Quand elle est nerveuse en leur compagnie, elle rit comme une hyène, elle brise des objets, elle se ronge les ongles, elle...Vous voyez le concept. Et puis quand elle rencontre l'homme parfait, hop! Elle rit délicatement, elle devient une magicienne de la manipulation de biblot fragile, elle a des ongles de fée, elle...se métamorphose. Elle est à l'aise, en gros!

J'avais trouvé le film vraiment sucré, vraiment mignon, mais la bête qui sommeille en moi minuit tappant trouvait qu'il était plus que temps de partir pour sortir au club.

Je m'en vais donc d'un pas décidé vers ma voiture, pour déneiger le pare-brise, mes amies se disputant pour s'asseoir devant. Je commence à maugréer en réalisant que c'était complètement glacée, quand j'entends une voix familière à mes côtés.

" Ahh, la joie de l'hiver, hein ! "

Je me tourne, pour découvrir Le Gars Dans Mon Cours d'Anglais, celui-là même pour qui j'avais un petit béguin depuis le début de l'année scolaire. Le GDMCA est stationné à côté de moi et il déneige lui aussi sa voiture.

" AHHHHHHHHHHHH. GDMCA, je t'avais pas reconnue, HIHIHI. "

Bravo, Mandy.

S'en suit une courte discussion où j'avais envie de me pendre chaque fois qu'un mot insignifiant s'échappait de ma bouche. Je m'assois enfin devant le volant, mes amies hurlent de rire et moi, je veux mourir. Je ne cesse de parler de cette catastrophe jusqu'à notre arrivée au club, où je vois une occasion parfaite pour boire en prétextant vouloir noyer mon humiliation.

Mes amies me traînent au fumoir, pour s'intoxiquer les poumons. Je les suis en ronchonnant. Je déteste cet endroit, je déteste l'impression d'entrer volontairement dans un nid de cancer. Mais j'y vais quand même, qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour ne pas se retrouver toute seule assise à une table un vendredi soir dans un Club, hein, dites-le moi !

Je patiente gentiment pendant qu'elles têtent leur cigare et mon regard, tandis que je balayais la salle des yeux, tombe sur un garçon accoté tranquillement contre le mur. Il joue avec sa cigarette sans la fumer vraiment, et j'ai l'impression qu'il me regarde. En fait, je me dis qu'il doit regarder la 8ième Merveille, et certainement pas moi.

Mais j'aime beaucoup son look. La combinaison veston de tuxedo et jean m'a toujours beaucoup plu, et il me semble qu'elle prend encore plus de charme sur lui. Ses cheveux blonds partent dans tous les sens, indisciplinés. Je pense aux miens que je coiffe de peine et de misère, que je torture tous les jours avec mille et un produit pour qu'ils restent droit, et je souris. Sa tuque est bien ancrée sur le dessus de sa tête et il a des lunettes vraiment originale.

Je souris donc en le regardant, et il répond à mon sourire. Je rougis ; ça y est , je viens encore de faire une énormité. Les voix de 8ième Merveille et Doune me tirent de mes pensées et je les suis vers la sortie du fumoir, en jetant un dernier coup d'oeil au Garçon du Fumoir (qui sera surnommé ainsi pour le moment. Son surnom évoluera au fur et à mesure que l'histoire le fera elle aussi. )

Nous allons danser, et je bois, je bois, je bois ... Soudain, le GF revient dans mon champ de vision. Il danse lui aussi. Avoir bu quelques shooters de plus, j'aurai peut-être tenté ma chance directement sur la piste de danse, mais je n'en ai pas le courage. Pas le courage qu'on me rit à la figure une fois de plus. Je l'observe discrètement...Hum...Je trouverai bien un moyen d'ici un mois ou deux de l'aborder, je finirai par trouver quelqu'un qui le connaîtra !

Ce moment devait arriver bien plus tôt que je ne le pensai !

C'est ainsi qu'à la fin de la soirée, je me retrouvai derrière lui dans la file d'attente pour les vestiaires. Perdue dans mes pensées, je ne remarquai même pas que mes amies s'étaient faufilées plus loin. Tant mieux ! Parce qu'une voix me réveilla instantanément.

" Hey, est-ce que tu serais Petite Fleur, par hasard ? "

Je cligne des yeux, tentant de mettre un nom sur le visage féminin qui m'apostrophe ainsi. Gorgée d'alcool, l'opération s'avère difficile.

" Euh...Bah..Oui. Pourquoi ? "

Le visage s'illumine.

" On est dans le même cours de math ! "

Ah. Il me semblait la connaître aussi.

" Ah oui, c'est bien que trop vrai ! Je savais pas que tu venais ici ! "

( Il serait utile de préciser que je suis dans un cours de mathématiques de niveau inférieur à mon grade de secondaire. C'était la capsule informative de la journée.)

" Oui oui je suis avec mes amis de l'Extérieur ! "

Parlant d'amis, je ne quitte pas des yeux le Gars du Fumoir, que je rebaptise mentalement l'Ami de la Fille dans mon Cours de Math. Je m'approche de la Fille de mon cours de Math, me maudissant de ne plus me souvenir de son prénom.

" Est-ce que le gars derrière moi, c'est ton petit ami ? "

Elle rit.

" Non non, pas du tout, absolument pas."

" Et c'est celui de ton amie, là ? "

Elle rit encore plus.

" Non, encore moins ! "

Je ne sais pas quelle consommation a déclenché en moi cette soudaine volubilité, mais il me sembla sur le coup que de lui demander de me le présenter était certainement la meilleure idée que je n'aille jamais eu. ( Capsule informative 2 : Je ne regrette pas ma décision. À venir jusqu'à aujourd'hui, c'est probablement sans doute le cas. Seul le futur saura me dire si c'est le cas, ou si ce n'était qu'illusoire. Fin de la capsule. )

Elle s'exécute gaiement.

" Gars Vraiment Sexy, je te présente Petite Fleur ! Elle est dans mon cours de math. Petite Fleur, voici le Gars Vraiment Sexy. "

Je lui souris, pour la deuxième fois de la soirée. Il engage aussitôt la discussion. Très allumé, très drôle, très sarcastique par moment quand un de mes amis vient se joindre à nous. Il est très sociable, et je deviens par le fait même moi aussi très expressive et très inter-relationnelle. Il me semblait que mes répliques étaient même amusantes, et qu'il riait avec moi, et non pas de moi, pour faire changement.

La Fille dans mon Cours de Math me demande mon numéro de cellulaire, en me glissant au passage qu'elle allait le donner à son ami. Parfait. J'attrape mon manteau que me lance mon amie au vol, et je sors dehors, rejoindre mon Nouvel Ami.

" Hey,hey ! Tu t'en vas ? "

Je m'approche de lui, ne sachant pas vraiment quoi répondre.

" Ça bin l'air.. "

" Alors, est-ce que je peux te rappeler ? "

" Pour ça, faudrait que tu aie mon numéro ! "

" Ok. "

Il sort son cell.

J'éclate de rire, en lui donnant et en prenant le sien. On fini par se séparer. J'étais si certaine que jamais je n'aurai de ses nouvelles que je raconte l'histoire à ma pauvre mère toute déboussolée en riant.

Jusqu'à ce que mon cell se mette à vibrer dans ma poche. Je le sors tranquillement ,certaine qu'il s'agit d'une de mes amies encore au Club.

C'est ici que l'histoire devient plutôt hollywoodienne, vous êtes prévenus !

Puisque c'était lui. C'était son nom, et c'était ses mots.

Et j'ai su que c'était autre chose que ça.

Après une demie-heure de messages textes dans lesquels il m'invitait dans un party le lendemain, après une demie-heure de soupirs de ma mère, il m'écrit son email. Discrètement, je me glisse jusqu'à la salle d'ordinateur. Il est quatre heures du matin. Bon...Une petite demie-heure ,et je vais me coucher !

C'est ce que je croyais, oui !

Une petite demie-heure sur l'ordinateur, certes, mais combien de temps au téléphone, après ? Une chose est certaine, je me suis couchée avec un immense sourire aux lèvres, un rire qui ne voulait pas s'essoufler et une fatigue si accablante que je ne la sentais plus.

À peine quatre heures plus tard, je me réveille, toute engourdie. L'alcool me fait tourner la tête, j'ai le coeur dans un carrousel qui ne veut plus s'arrêter et j'ai l'impression qu'une moissoneuse-batteuse m'a passé sur le corps.

Joie.