Sunday, June 10, 2007

Le réveil

On pense souvent que les gestes les plus banals que nous posons chaque jour ne modifieront pas le cours de notre existence. On croit souvent que le fait de les répéter d’une façon quasi-machinale fait en sorte qu’ils soient inoffensifs.

C’est faux.

Et tu me l’as appris.

À force de te répéter que je t’aimais j’en ai oublié l’essence même du terme. Je t’aime, je t’aime, je t’aime ! Ces mots galvaudés, oubliés, recyclés…

Je t’aime, je t’aime, je t’aime ! Avant, quand je te les disais, il me semblait que la Terre sursautait, que ma peau frémissait et mes cheveux filtraient tout le bonheur qui suait de toi.

Avant, il me semble que tout était bien plus facile.

Quand mes je t’aime se sont-ils mués en je ne t’aime plus, en va t’en, sors de ma vie ? Je ne le sais plus. Il me semble que je t’ai trop aimé pour savoir réellement quand j’ai décidé de ne plus le faire.

C’était un matin tout à fait comme les autres, un matin qui ne prédit pas que le cours de l’existence changera. Je me suis levée, innocemment, et devant mon miroir, j’ai vu que je n’étais plus elle mais de nouveau moi.

J’ai su que tu n’avais plus ton emprise sur moi.

À partir de ce moment, le reste est flou. J’ai tâté ma peau à la recherche des parcelles de celle que j’étais devenue mais elles s’étiolaient au fur et à mesure que mes doigts avides de toi tentaient de s’en imprégner. J’ai dis ton nom à voix haute mais il n’avait plus d’échos dans le mot qui régnait sur ma vie ; dans ton nom il n’y avait plus une douce brise mais un vent vide de sens.

Je crois avoir été me recoucher ; c’était une trop belle journée pour la gaspiller en vivant, en plus ! Je me suis recouché et pour la première fois depuis tant de siestes, quand mes yeux se sont fermés, il n’y avait pas ton image pour m’accueillir dans ma noirceur.

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