Friday, June 15, 2007

Mes soeurs


Jamais il ne m'est venu à l'esprit d'imaginer ma vie sans vous à mes côtés.

J'ai l'impression de ne pas vous dire assez souvent que je vous aime, assez souvent pour tout l'amour que je vous porte.

Mes petites soeurs, vous êtes celles que je n'ai jamais eu. Vous êtes la famille dont j'ai toujours rêvé, celle que j'ai trouvé. Quand je pense à vous, je crois un peu plus en Dieu, parce qu'il fallait bien qu'Il existe pour nous avoir mis sur le même chemin.

Je vous ai vu grandir, et si dans quelques jours je quitterai le monde des adolescents, il me semble que je ne suis jamais vraiment sortie de mon enfance, parce que j'ai autant, sinon plus de plaisir à vivre, comme jamais auparavant, comme si je me réveillai dans la peau de la petite fille que j'étais, que vous m'avez fait être.

Je vous ai vu grandir, j'ai vu vos erreurs, vos réussites, vos joies, vos peines, mais il me semble que je n'ai pas tout vu, il me semble que je n'ai pas été là quand il l'aurait fallu.

J'ai peur, je l'avoue. J'ai peur de franchir jeudi prochain les portes de l'école et de vous perdre en chemin. Je ne veux plus partir, je veux que vous m'enfermiez dans vos casiers, je ne veux plus être la première qui s'en va.

J'ai peur comme j'ai eu peur de quitter le primaire, j'ai peur comme j'avais peur de vous perdre en déménageant trois coins de rues plus loin. Mais il me semble que cette fois, c'est vers un autre continent que je dérive, il me semble que le cégep, c'est grand, bien que trop grand pour l'éternelle gamine que je suis.

J'ai gaffé, j'ai pleuré, j'ai fais des erreurs moi aussi, et parfois, j'ai réussi. Je me suis entêtée, bien souvent pour rien, parce que je suis comme ça, moi. Têtue. Mais on dit aussi que trois têtes valent mieux qu'une, et c'est sous vos conseils que j'ai évolué, me demandant presque chaque fois pourquoi ne pas vous avoir écouté avant d'agir, une fois le geste posé.

Vous avez fais de ma vie un dessin animé qu'il fait bon regarder. Dans les moments les plus durs, vous avez coloré mon noir et blanc de vos couleurs préférées. Vous avez été là chaque fois qu'il le fallait, vous ne m'avez jamais fais faux bond (à part à mon huitième anniversaire, je déconne ! ;))

Vous avez été mes yeux quand j'oubliais comment voir, mes oreilles quand je n'entendais que ce que moi, je voulais bien entendre, mes mains qui ont heurté le sol quand je tombais avec les miennes dans mes poches. Vous avez été bien plus que des amies se doivent d'être, vous avez été bien plus que toutes celles qui disent me connaître et lire en moi comme dans un livre ouvert.

Vous, vous n'avez pas besoin de m'ouvrir pour me lire.

C'est l'histoire d'une vie que je tente d'écrire, mais ce n'est pas à ma portée. Aucun de mes mots ne saurait étayer avec précision les émotions qui me traversent à cet instant même. Vous êtes devenues des jeunes femmes extraordinaires, pleines de talents et d'ambition, et vous êtes toujours restées intègres à vous-même. Cela mérite bien mieux qu'une prose fragile, j'en conviens, mais pour le moment, c'est tout ce que j'ai à vous offrir.

Je me souviens très bien du jour où j'ai déménagé dans la maison où je suis présentement ; c'est aussi le jour où j'ai du partir du primaire. Et Audrey-Jade, tu pleurais, même si tu ne l'as jamais avoué. Van et moi, on pleure tout le temps, c'est moins surprenant, mais toi, tu ne pleures presque jamais. Et là, tu pleurais. Tu pleurais et maintenant encore, ce souvenir m'émeut à un point tel que vous ne pouvez imaginer. Parce que je ressens la même chose, avec la même exactitude, à la puissance dix.

Et puis je tourne mon regard vers nos dix ans d'amitié, vers nos dix ans de souvenirs, de rires, de joies, de jeux inventés, de complicité, de larmes, d'imaginaires partagés, de moments durs à passer, de bouillons dans la piscine, de chansons entamées de bon coeur, de souleries simulées dans un dépanneur, de réconfort, de limonade vendue, de films écoutés réécoutés rérérécoutés, de bonheur...

Et je refuse de croire que tout s'arrêtera.

Je refuse, je suis désolée, mais je ne peux l'accepter !

Je refuse de vous oublier, de vous renier, de vous laisser derrière une fois de plus, une fois de trop.

Je refuse de partir toute seule, je vous emmène avec moi.

Quand j'étais petite, j'attendais avec impatience le moment où je serai plus vieille. Quand j'ai été plus vieille, j'ai tout fais pour l'être encore plus,pour oublier mon enfance, comme si j'en avais honte, alors que maintenant, je réalise que mon enfance est sans doute la période de ma vie où j'ai été le plus heureuse, la période de ma vie que je n'oublierai jamais.

Quand je suis arrivée à la polyvalente, toute seule, sans repère, je reprends ton idée, Van, j'ai commencé à courir. D'abord lentement, parce que j'étais toujours craintive, puis de plus en plus vite, pour repousser mes propres limites et puis celles des autres. Je courais et puis un jour j'étais si essoufflée et lasse de ne plus voir que le visage embrouillé des gens qui partageaient ma vie l'espace d'un cent mètres que je me suis arrêté, et j'ai vomi.

Quand j'ai levé la tête, vous étiez là. Comme toujours. Comme j'aurai du l'être pour vous.

Je me sens indigne, indigne d'avoir été une amie mystère, une amie fantôme, l'ombre de moi-même, mais pardonnez-moi. Pardonnez-moi d'avoir couru si vite, de vous avoir étourdie, de m'être perdue dans le marathon de la vie. Ça semblait si beau, au début, que rendu à un certain point, on en voit plus la fin.

Jeudi prochain, je vais finir le secondaire, et quand je vais franchir pour une ultime fois les portes de la polyvalente, je sais que je ne serai pas seule.

Parce que de chacun de mes côtés, vous serez là, avec moi. Vous me tiendrez la main, et je vous emmenerai avec moi, peut-être pas physiquement, mais vous serez toujours là où j'irai, ça ne peut être autrement.

Aviez-vous remarqué que amie, ça ressemble drôlement à âme ?

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