Le vieux couple

Je ne peux plus respirer.

Je me tiens au bord de la falaise, chancelante.

J'attends.

Je ne sais plus j'attends pour quoi, pour quoi. Je ne sais plus si j'attend vraiment ou si le temps s'est suspendu il y a de cela bien des lunes, pour me permettre de suspendre aussi ma vie à son grand crochet.

J'ai écris ton nom sur mes lèvres et il ne veut plus s'effacer. J'ai bandé mes yeux de ton regard mais il continue d'éclairer mes pensées. J'ai lavé ma peau de ton odeur mais mon nez, lui, ne veut pas oublier l'effluve de ton parfum.

Je t'ai tout dit et j'en ai encore à raconter. Je ne parle pas et c'est bien comme ça. Je ne comprend pas non plus, remarque bien, et je ne suis pas sûre de réellement vouloir savoir...

C'est bien comme ça.

Je chante, je cri plutôt, et ça me fait du bien. Je chante et je sais que tu ne m'entends pas, mais ça me fait du bien quand même. J'ai l'impression qu'en chantant, ça me libère, ça me fait revivre, ça m'éloigne mais me rapproche de toi.

On est pas un couple, on est pas des amis, on est quoi, au juste ? On est plus, on est moins que ça ?

Qu'est-ce qu'on est, Babe ?

Veux-tu bin m'le dire ?

Parce que vraiment, moi, j'ai pas la réponse. C'est pas faute d'avoir cherché, c'est pas faute d'avoir décortiqué ou analysé, je ne trouve pas la réponse.

Si on est un couple, on est un vieux couple. On se taquine, on se chicane pour des pacotilles, on trouve plus rien à se dire quand on s'est trop parlé d'amour la veille...

Et je me sens bien, la d'dans.

Ça m'inspire confiance, ça me donne le goût de m'enflammer encore pour toi.

Bin oui, des fois, je pleure. Bin oui, des fois, tu me fais d'la peine quand tu mesures pas la portée de tes paroles.

Mais j'suis prête à vivre avec.

Ça fait longtemps que j'me suis résignée à t'accepter avec tes qualités ... et tes défauts.